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Marie Marvingt, héroïne française, féministe, qui fit aimer le Maroc

Dernière mise à jour : 25 mai 2022

Sportive aux multiples talents, aventurière toutes disciplines confondues, héroïne combattante, la Française Marie Marvingt eut un destin hors du commun. Ce fut une féministe avant l'heure, qui fut à l'avant-garde du sauvetage des vies via l'aviation. Elle entreprit beaucoup pour faire connaître le Maroc et plus largement l'Afrique du Nord en France. La "fiancée du danger", comme elle aimait se dénommer, était tombée quelque peu dans l'oubli. On la redécouvre à travers un roman que Michèle Kahn vient de lui consacrer. Ecoutez-là, très vive, s'exprimer avec passion dans la vidéo ci-dessus, un peu avant sa disparition.


Née en 1875, Marie Marvingt exerce tout d'abord une activité de journaliste. Durant la Première Guerre mondiale, elle veut combattre dans l'Armée française. Mais, à l'époque, aucune femme ne peut y appartenir officiellement. Au terme du conflit, elle devient toutefois officier de santé des armées au Maroc. C'est l'époque du Protectorat et de la vision éclairée de Hubert Lyautey, auquel ne succéderont pas des résidents aussi ouverts d'esprit.

Marie Marvingt fut à l'avant-garde du sauvetage des vies via l'aviation. Dessin d'Emile Friant, 1914

Infirmière diplômée et assistante en chirurgie, Marie Marvingt s'investit totalement dans l'utilisation et la promotion de l'aviation sanitaire. Au début des années 1920, elle multiplie les conférences au Maroc, en Algérie, en Tunisie, au Sénégal et en Afrique du Sud, devant des élèves d'écoles ou devant le grand public. Elle vise le recrutement d'adhérents sur le continent africain et la vente d'appareils français. Au cours de sa vie, elle aura prononcé plus de 3'000 conférences sur l'aviation sanitaire.


En 1929, infatigable, elle organise le premier Congrès international consacré à cette thématique. Marie Marvingt crée aussi une formation de service sanitaire aérien. Ses efforts lui valent de recevoir la médaille de la Paix du Maroc.


En 1934, la Française effectue un voyage d'études et de propagande aéronautique de dix-neuf mois au Maroc. Elle y écrit, réalise et tourne le film documentaire et touristique "Les Ailes qui sauvent", dans lequel elle apparaît. Suit un documentaire nommé "Sauvés par la colombe".


"La Marie", comme elle appréciait qu'on l'appelle, rapporte de ce voyage plus de 500 photographies. Autant d'actions qui donneront, en Europe, une bonne image du pays du sultan.


Le ski sur les dunes du Sahara

Autorisée à suivre la colonne de pacification menée par la France aux portes de la Mauritanie, Marie Marvingt est la première femme européenne à entrer à Tindouf, aujourd'hui camp de réfugiés sahraouis.


Elle invente un ski métallique qui lui permet de dévaler les dunes du désert saharien (notre photo). Son invention a peu de retentissement jusqu'à ce que l'Armée française s'en inspire pour les atterrissages d'avion sur la neige.


On lui attribue l'invention de la jupe culotte pour monter dans les avions alors que le ski se pratiquait à l'époque en robe longue.


Marie Marvingt était brillante cavalière et soulevait poids et haltères. Elle pratiquait d'innombrables sports, de la boxe au football, du tennis au sabre. Elle fut la première femme à participer au Tour de France, en 1908. Son éclectisme était sans limites. Championne au tir aux pigeons, elle chassait la panthère et le phoque. Détentrice de quatre brevets de pilotage de ballon, d'avion, d'hydravion et d'hélicoptère, elle pilotait également des dirigeables...


Diplômée en espéranto, la Française parlait cinq langues. Elle se passionnait pour les danses anciennes et modernes, l’hypnotisme, la psychologie ou encore la spéléologie. Bref, pour ses contemporains, c'était "la femme la plus incroyable depuis Jeanne d’Arc".


Seconde Guerre mondiale


En 1939, Marie Marvingt fonde en France un centre de convalescence pour les aviateurs blessés nommé "Le Repos des ailes". Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle travaille encore comme infirmière de l'air. Elle invente un type de suture chirurgicale qui permet de recoudre les blessures plus rapidement sur le champ de bataille pour éviter les infections.

A la fin de son existence, notre héroïne n'a pas le droit à une pension de retraite et connaît la pauvreté. Chevalière de la Légion d'honneur, la sportive la plus décorée de son siècle s'éteint le 14 décembre 1963. Dans son lit et à l'âge de 88 ans. En 2004, la Poste aérienne française lui consacre un timbre (notre photo).

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