
Le Jardin aux Etoiles
Riad entre Agadir et Taroudant, au sud du Maroc
Location de vacances chez un résident de nationalité suisse
![]() Igîlîz, un site imprenableL'Anti-Atlas à perte de vue | ![]() Au sommet de l'éperon rocheuxUne configuration destinée à se protéger des assaillants. | ![]() Archéologue à l'oeuvreChaque année, le site livre de nouveaux secrets. | ![]() Travaux archéologiquesUne campagne annuelle est menée en avril, lorsque la chaleur n'est pas trop accablante. | ![]() Découvertes récentesLa forteresse comprenait une mosquée principale et une résidence seigneuriale | ![]() L'Empire almohade partit d'IgîlîzIl s'étendit durant plus d'un siècle à l'Afrique du Nord mais aussi à El Andalous, l'Espagne et une partie du Portugal actuels. |
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Igîlîz : site archéologique méconnu et fascinant
Tout récemment découvert, le site archéologique d'Igîlîz est d'un intérêt exceptionnel. Au début des années 1120, la forteresse d'Igîlîz a été le point de départ d’une révolution religieuse qui allait aboutir à la fondation de l’Empire almohade, le plus puissant empire qu’ait connu l’Occident musulman durant l’époque médiévale. Ces ruines, dont la trace fut longtemps perdue, sont juchées sur un éperon destiné à résister aux assaillants et d'où l'on jouit d'une vue à couper le souffle sur les vallées et les montagnes environnantes. Elles se trouvent à une soixantaines de kilomètres de Taroudant. On y accède en deux heures depuis le Jardin aux Etoiles.
Beaucoup d’historiens pensaient que l’origine des Almohades se trouvait à Tinmel, cité créée au-dela du tizi n'Test, à une centaine de kilomètre de Marrakech par Ibn Tumert (aussi orthographiée Ibn Tumart), fondateur de l'Empire almohade. Il ne subiste aujourd'hui àTinmel qu'une mosquée très visitée.
Igîlîz devient forteresse
En réalité, Ibn Toumert, né dans un douar proche d'Igîlîz, se réfugia dans ce fief enclavé de la tribu des Arghen quand les Almoravides le chassèrent de Marrakech. Il se prétendait alors "imam impeccable" et professait une morale rigoriste condamnant toute distraction dont la musique.
Ibn Toumert connaissait le caractère imprenable de cet éperon. Il en fit une forteresse. De 1120 à 1124 à peu près, lors de ses premiers prêches, il rassembla autour de lui les tribus berbères environnantes, des paysans, des dévots et des guerriers. Il gagna ses premières confrontations contre les Almoravides. Peu de temps après, il décida d’installer son quartier général à Tinmel.
Découverte en 2004
Le parcours initial d'Ibn Toumert et la genèse de l'Empire almohade ne sont conus que depuis peu. Les historiens cherchaient l’endroit où se trouvait cette forteresse longtemps oubliée, mais n’arrivaient pas à la localiser jusqu’au moment où, en 2004, une mission franco-marocaine d’archéologie parvint à mettre la main dessus. Cette mission était menée par Abdallah Fili, de l’Université d’El Jadida, et Jean-Pierre Van Staëvel, de l’Université Paris-Sorbonne, ainsi qu’Ahmed Ettahiri de l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine. Le trio se basa sur les sources arabes écrites médiévales et sur les travaux de ses prédécesseurs.
En 2015, la mission a reçu, en grandes pompes, le Prix d’archéologie de la fondation Simone et Cino Del Duca. En novembre 2022, le site d'Igîlîz a été classé monument historique. Les aménagements et les mises en valeur doivent dès lors être soumis au Ministère de la culture pour bénéficier d'une autorisation.
n effet, la mise en place d’un circuit de visite et l’installation d’équipements d’accueil pour les touristes aménagements très légers qui facilitent la valorisation du site sans pour autant influencer négativement la principale curiosité sur place», ajoute-il. «Nous avons aménagé avec la pierre locale, en utilisant les mêmes produits locaux et les mêmes couleurs. D’ailleurs ce n’est pas visible, il n'y a pas de pollution visuelle, le tout est bien intégré dans le paysage», précise M. Azenfar.
La SDR a mené les travaux d’aménagement d’un parking, de sanitaires et de haltes pour rendre la visite d’Igiliz plus agréable. Elle a également veillé à la mise en place de dispositifs d’interprétation tout au long du circuit touristique d’Igiliz, dont le contenu a été entièrement élaboré par les deux archéologues cités plus haut.

Igîlîz revit !

Vue panoramique sur l'Anti-Atlas

Habiles ouvriers de la région sous la supervision des archéologues.

Les murs ont été reconstruits dès que les scientifiques ont pu comprendre avec certitude quelle avait été la structure d'Igîlîz

Vraisemblablement construite pour Ibn Tumert

Ici une future archéologue stagiaire.

Selon les archéologues travaillant sur place, elle daterait de l'époque d'Ibn Tumert

Découverte il y a quelques années seulement

Ils témoignent d'un artisanat très sûr

Un témoignage précieux provenant d'une cuisine

Fondateur de l'Empire almohade, il ne vit toutefois pas la conquête de Marrakech ni l'extension de l'empire.

Le quartier général des Almohode fut déplacé d'Igîlîz à cet endroit, situé à une centaine de kilomètres de Marrakech
Une grande résidence seigneuriale
Les fouilles archéologiques menées chaque année ont permis de découvrir jusqu'ici une grande résidence seigneuriale composée notamment de pièces regroupées autour d'une cour, qui pourrait avoir été destinée à Ibn Toumert. Une mosquée, assez modeste, a été dégagée. Triangulaire, elle est orientée plein sud, comme c'était le cas aux premiers temps de l'islam. Igîlîz comprenait deux autres mosquées plus petites.
On a aussi identifié des lieux d'enseignement et de prédication. On a retrouvé des traces de mobilier, de fours à pain, ainsi que des outils métalliques et des milliers de pièces de céramique qui permettent de mieux comprendre la civilisation rurale qui a peuplé Igîlîz. Les archéologues ont aussi mis en lumière une meilleure compréhension du dispositif militaire du site, notamment des fortifications.
La montagne d’Igîlîz recèle un pan méconnu de l'avènement des Almohades, qui finirent par conquérir l'Afrique du Nord jusqu'en Libye, ainsi qu'El Andalous, soit une grande partie de l'Espagne actuelle. Disparu vers 1130, Ibn Toumert ne vécut pas cette glorieuse expansion. L'Empire almohade s'affaiblit dès 1212. En 1269, il est éliminé par les Mérinides.

En cas de doute, vérifier auprès d'un autochtone si vous êtes sur le bon chemin !

Des paysages aussi sauvages que magnifiques.

Un chemin malaisé, mais on y arrive !

A pied depuis le village de Tifigit

Paysages superbes en contre-bas du sentier.

Vue plongeante sur le village de Tifigit

Un effort qui en vaut la peine...

Au cas où la montée paraîtrait trop difficile à certains.

Situé à Souk Larbaa Magnoun, dans la commune de Toughmart, il est le seul de la région. Vérifier avant de s'y rendre s'il est bien ouvert.
Un sentier qui monte sérieusement
Pour visiter Igîlîz, une bonne voiture est nécessaire. On quitte la route 109 par la gauche, ainsi que le montre notre carte Google ci-dessous, pour entrer dans le domaine de la tribu des Arghen. Ce dernier nom est aussi celui de l'oued (assif en berbère) qui a creusé la vallée.
La chaussée devient tournante et traverse de magnifiques paysages sauvages. On arrive à Souk Larbaa Magnoun, qui fait partie de la commune rurale de Toughmart (également orthographié Toughmert). A partir de Souk Larbaa Magnoun, il faut contourner le djebel d'Igîlîz, ce qui nécessite de demander le chemin à un passant, qui vous le précisera volontiers. La chaussée devient piste, parfois quelque peu abrupte. Mais la Société de développement régional du tourisme Souss Massa (SDR) a fait en partie goudronner ce secteur. Oeuvrant en collaboration étroite avec les archéologues Abdallah Fili et Jean-Pierre Van Staëvel, déjà mentionnés,
Un peu en-dessous du village de Tifigit, on laisse sa voiture sur un parking, afin d'effectuer la montée à pied. Il s'agit de l'unique accès à Igîlîz. Des sanitaires ont aussi été installés. Le sentier grimpe sérieusement. Il faut adapter son rythme à ses possibilités. Des haltes ont toutefois été aménagées, pour que les visiteurs puissent se reposer s'ils en ressentent le besoin. Il est aussi possible de louer un âne si l'on ne se sent pas d'attaque.
Au sommet, la récompense est là : des murs reconstitués avec le sérieux d'archéologues qui ont d'abord voulu comprendre comment s'articulait le site avant d'entreprendre des travaux qui auraient pu se révéler prématurés ou contre-productifs. Tout au long du circuit touristique mis en place, des dispositifs d'interprétation ont été installés.
Un chemin explicatif via une application
Un programme de mise en valeur du site est en cours. «Nous avons entamé les discussions avec les différents acteurs du ministère de la Culture, de la commune de Toughmart et de la province de Taroudant pour pouvoir valoriser le site. La direction du patrimoine culturel a construit une Maison de l’archéologie sur place. Cela permet de pérenniser les recherches archéologiques et surtout de valoriser au niveau local le travail déjà réalisé», précise Abdellah Fili. Cette Maison de l'archéologie est mise à la disposition exclusive des archéologues. Elle ne se visite pas.
La mise en valeur du site prendra vraisemblablement la forme, au sommet, d'un chemin explicatif, que l'on pourra suivre via une application.
Si la journée de découverte se prolonge, le gîte de montagne Talbourine peut se révéler salvateur (téléphoner à Farid Tayeb +212 662 786 277). Il se trouve à l'intérieur du bourg de Souk Larbaa Magnoun (en arrivant de Taroudant, prendre la route de Toughmart, après la traversée du pont). Attention : le gîte était fermé lors de notre passage, en avril 2019 ! Il est dès lors vivement recommandé de s'assurer de son ouverture et, à défaut, de retourner dans la plaine du Souss au plus tard à la nuit tombante.
Crédit photographique : Mission archéologique d'Igîlîz et Pluri-Médias