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Tremblement de terre du 8 septembre 2023 : le peuple marocain relève déjà la tête

Updated: Mar 30



Le puissant tremblement de terre de magnitude 6,8 qui s'est produit dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre 2023 dans le Haut-Atlas marocain a causé la mort de quelque 3'000 personnes, principalement berbères, dont de nombreux enfants, mais il a aussi illustré le courage du peuple marocain qui, aidé par ses autorités et la solidarité internationale, s'est montré suffisamment mature pour surmonter cette épreuve (notre photo AFP). Moins de deux semaines après le séisme, il relève déjà la tête.


Un tiers des disparus a trouvé la mort dans la province de Taroudant, où est situé notre riad.


Les communes rurales les plus touchées (signalées par une ellipse rouge sur notre carte) se trouvent en altitude. Elles ont pour nom Tizi N’Test (417 morts), Tafingoult (156), Tigouga (96), Ouneine (51) et Sidi Ouaaziz (46).


Le séisme et ses répliques ont été ressentis jusqu'à Agadir, rallumant ainsi l'effroi du drame de 1960, qui avait fait jusqu'à 16'000 morts. Situé à l'extrémité ouest de la Province de Taroudant, Le Jardin aux Etoiles, construit selon les normes antisismiques, est intact. Les secousses y ont néanmoins été clairement ressenties. Très peu de menus objets ont été cassés, à l'image de cet ensemble d'accessoires pour la pipe. C'était uniquement de la déco dans le salon Atlas, où il est interdit de fumer.

La cité de Taroudant a été impactée par le sinistre. Un nombre restreint de victimes est à déplorer, mais des dégâts sont signalés aux constructions. Les plus visibles touchent les célèbres murailles (notre photo). Celles-ci étaient déjà détériorés à certains endroits et une restauration était à l'étude. Des interventions urgentes sont donc envisagées. Des mesures de protection ont été prises afin d'éviter tout accident de personne d'ici là.


Ainsi que le montre la vidéo ci-contre, la famille de notre excellente cuisinière Fatima, en état de sidération, figurait parmi les Roudanis contraints de passer trois nuits dehors, par crainte que les fissures constatées dans les maisons ne mènent à une nouvelle tragédie en raison des répliques enregistrées. Effrayés, les enfants ont néanmoins pu dormir. Mais pas les parents. Sitôt l'autorisation donnée par les autorités de regagner sa maison, Fatima a fait la démonstration de son courage et de sa volonté d'aller de l'avant en procédant immédiatement aux achats destinés aux visiteurs du Jardin aux Etoiles qui l'avaient sollicitée au préalable.

Des milliers de villageois habitent au nord et au sud du tizi n'Test, col routier qui permet d'ordinaire de relier la plaine du Souss et Marrakech et d'y faire de magnifiques découvertes. Les habitants de la région ont eu beaucoup moins de chance. Le village d’Imi N’Tala, près d’Amizmiz, a par exemple été presque complètement rasé (photo Bulent Kilic/AFP).

Les caravanes de solidarité ont très vite afflué. Les francophones de Taroudant (notre photo) se sont particulièrement mobilisés. Bravo à eux.


Le roi Mohammed VI, qui se trouvait à Paris au soir du tremblement de terre, est revenu rapidement à Rabat, avec la nette volonté que les forces marocaines prennent elles-mêmes en mains les opérations sur le terrain, ayant développé ces dernières années des capacités d’intervention jugées efficaces.

Le souverain a tenu deux réunions interministérielles, avec la participation du chef du gouvernement Aziz Akhannouch et, pour l'une d'elles, du prince héritier Moulay El Hassan (notre photo).


Il s'est révélé que près de deux millions de personnes, dont 675'000 enfants, vivent dans les zones fortement touchées et que 530 écoles et 55 internats ont été endommagés. Le souverain a demandé que les orphelins sans ressources reçoivent le statut de pupille de la nation.

Environ 50'000 logements se sont totalement ou partiellement effondrés. Les habitants ne sont pas restés les bras croisés, quand ils le pouvaient (notre photo Fethi Belaid/AFP).


Le roi a donné des instructions pour qu'un montant de 140'000 dirhams (14'000 euros) soit attribué pour chaque habitation totalement effondrée et 80'000 dirhams (8'000 euros) pour les logements partiellement endommagés. A ces montants s'ajoute une aide d'urgence de 30'000 dirhams (3'000 euros) versée à chaque ménage touché.

Les forces de sécurité marocaines ont été confrontées à l’urgence des premiers villages situés au bas des vallées, qui sont souvent les plus peuplés. Parallèlement, elles ont dû dégager les routes et les pistes, d'où des engorgements et la difficulté des spécialistes à se déployer. Sur notre photo Fethi Belaid/AFP, un camion transportant des matelas circule de manière problématique sur une route de montagne encombrée dans le village de Sidi Hsaine. Il a même fallu que les forces de l’ordre ferment certains accès aux convois humanitaires.

Seuls quatre pays ont reçu une réponse favorable à leur offre d'aide spontanée : le Qatar, les Emirats arabes unis, le Royaume-Uni et l'Espagne (notre photo : arrivée, le 10 septembre, d'un contingent de l'Unité militaire d'urgence espagnole à l'aéroport de Marrakech). La connaissance de la langue et celle du terrain pour les Espagnols, qui coopèrent avec le Maroc dans la lutte anti incendies, ont été mises en avant pour expliquer ce choix. Il se trouve toutefois aussi que ces pays se sont clairement prononcés pour la souveraineté marocaine sur l'ancien Sahara espagnol, ce que n'ont pas fait d'autres pays européens, ainsi que l'Algérie, dont l'aide n'a pas été retenue, dans un premier temps du moins, d'où des incompréhensions.

Aziz Akhannouch, qui a tenu une troisième réunion interministérielle, entend assurer des relogements provisoires (notre photo Paloma Laudet/Item/Hors format prise à Talat N’Yaaqoub), avant que les structures destinées à résister au froid et aux intempéries ne prennent leur succession. Il y a urgence, vu la proximité de l'hiver. Quant aux habitations elles-mêmes, elles risquent de ne pas être reconstruites avant un an ou deux. Il faudra aussi refaire routes, réseaux d'eau et d'électricité.

C'est donc un énorme effort en tous genres qui attend le Maroc et spécialement le Haut-Atlas pour qu'ils conservent leur sourire (notre photo). L'Etat a promis une aide budgétaire massive et sans condition, estimée, tout compris, à 120 milliards de dirhams, soit à près de 11 milliards d'euros. Celle-ci pèsera lourd sur les finances publiques, qui se trouvaient déjà dans une situation difficile.


C'est dans ce contexte que les contributions financières des acteurs privés et associatifs, des ONG et des pays qui ont annoncé leur soutien seront indispensables et appréciées.


D'ici là, le Maroc continuera à vivre. Accueillis par la traditionnelle hospitalité marocaine, les touristes sont les bienvenus, tant à Marrakech qu'à Agadir. Exemple de résilience en cours, le FMI (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale maintiennent leur assemblée annuelle dans la Ville ocre.

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