Entièrement détruite lors du tremblement de terre du 29 février 1960, la Kasbah d'Agadir comprenait un petit bijou : le Café maure, à l'architecture intérieure très soignée, dotée de beaucoup de charme (ci-dessus).
Ouvert en 1935, ce remarquable café a vu le jour à l'initiative de deux personnalités françaises de l'époque du Protectorat : Paul Gautier et Fernand Barutel. Le premier gérant se nommait Ali Chebli. Fermé durant la Seconde guerre mondiale, le Café maure fut réouvert en 1947. La gérant, M. Mezzour, a laissé le souvenir d'un homme toujours élégant, portant costume cravate et tarbouche d'un rouge flamboyant. On le voit assis, aux côtés d'une dame occidentale.
Le Café maure bénéficiait d'une situation idéale, juste en bordure des murailles, qu'il surplombait. Les clients jouissaient ainsi d'une vue splendide sur la baie d'Agadir.
Ces informations m'ont été communiquées par des participants du groupe Agadir d'antan, sur Facebook, qui ont encore un souvenir précis de ce magnifique café.
Il n'en reste évidemment plus rien aujourd'hui. La réhabilitation de la Kasbah en cours n'a pas pour ambition de reconstruire à l'identique l'ancienne petite cité sertie par des murailles.
Elle a en revanche pour objectif, via un parcours sur platelage en bois surélevé, de proposer une signalétique avec photos d’archives et explications en reprenant le dessin des ruelles d’avant séisme.
Salima Naji et ses collègues chargés de ces aménagements connaissent le Café maure. Mais l'architecte-anthropologue émet des réserves sur cette "folklorisation du patrimoine". En outre, de son point de vue, ce bâtiment "a détruit la partie alaouite qui avait renforcé la canonnière".
Peut-être, néanmoins, se souviendra-t-on du nom du Café maure pour l'attribuer à l'un des deux prévus, destinés à accueillir les visiteurs, juste en dessous de la Kasbah.
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