A Aït Youb, dans l'Atlas, à 1 h 30 de Taroudant, des scientifiques franco-britanniques dirigés par des chercheurs de l’Université de Poitiers ont découvert des trilobites (notre image) pétrifiés dans la cendre d'un volcan il y a 515 millions d'années qui ont révélé des détails anatomiques d'une précision exceptionnelle, qui en font les fossiles marins les mieux conservés jamais trouvés. Cette avancée scientifique majeure, qui vient de faire la couverture du prestigieux magazine "Science", a été qualifiée de «Pompéi marin», en référence au triste sort réservé aux habitants de la cité romaine après l'éruption du Vésuve, avec en lieu et place des fossiles humains ceux des arthropodes marins.
Le "Pompéi marin" se trouve à l'est de Taroudant (notre carte). On y accède par Ouled Berhil, puis en quittant, à droite, la route du Tizi n'Test.
Des appels ont été lancés en vue de faire figurer Aït Youb au Patrimoine mondial de l'humanité.
La découverte effectuée dans ce petit village berbère au charme authentique (notre photo) a révélé aux rayons X de très nombreux détails anatomiques, qu'on n'avait jamais observés sur les millions d’autres spécimens découverts dans le monde et qui n’atteignaient pas ce niveau de précision, lequel permet de mieux comprendre comment se nourrissait cette espèce.
Lors de l’éruption volcanique, les tissus ont été consumés par la chaleur intense, ne laissant que des cavités dans les cendres solidifiées: les moules des organismes (notre image). D'où la préservation des moindres détails, dont les poils et les épines le long des appendices. Les scientifiques ont pu examiner un tube digestif, des pattes spécialisées autour de la bouche ou encore un labrum, "un lobe charnu faisant office de lèvre supérieure chez les arthropodes actuels".
«De nouvelles fenêtres devraient ainsi s’ouvrir sur le passé de notre planète», affirme le professeur Abderrazak El Albani (notre photo), enseignant-chercheur à l’Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers, qui a dirigé les travaux.
Ce dernier avait déjà trouvé au Gabon des fossiles datant de 2,1 millards d'années.
La découverte d'Aït Youb confirme le Maroc en qualité d'eldorado des découvertes touchant le passé de la planète. Agadir peut se targuer de posséder à Anza la plage aux traces de dinosaures les plus diversifiées. En mars dernier, on apprenait que les phosphates de Sidi Chennane, dans la province de Khouribga du bassin d’Oulad Abdoun, avaient permis de trouver les restes fossilisés d'un monstre marin particulièrement effrayant (notre image Université de Bath) qui évoluait à la fin du Crétacé.
Toujours en mars dernier, les médias annonçaient que des chercheurs britanniques étaient parvenus à calculer la hauteur et l'ancienneté de l'une des dunes les plus grandes et les plus complexes de la Terre située à l'Erg Chebbi, près de Merzouga. La dune Lala Lallia (notre photo) mesure 100 m. de hauteur et s'est formée il y a 13'000 ans. Ces données permettent de comprendre les vents qui l'ont formée et à démêler le climat de l'époque.
La découverte la plus importante et la plus spectaculaire intervenue au Maroc demeure toutefois celle de Jebel Ighoud, berceau de l'humanité dont on pourra très bientôt visiter le musée et centre d'interprétation en cours de construction.
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