Jacques Majorelle puissamment inspiré par son amour profond de la terre marocaine
- Jean-Luc Vautravers

- 23 nov. 2008
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 sept.
Le grand peintre orientaliste français Jacques Majorelle ne pensait peut-être pas laisser son nom à la postérité en créant le célèbre jardin de Marrakech, à juste titre si admiré et dont j'ai parlé dans mon message Yves Saint-Laurent me donne l'envie de planter le lys de Casablanca. De son vivant, il accéda bien davantage à un statut de peintre et de décorateur reconnu. Jacques Majorelle fut puissamment inspiré par son amour profond de la terre marocaine, qu'il a mise en scène avec un immense talent. Il glorifie l'architecture de l'Atlas, les paysages somptueux et la vie quotidienne sous le Protectorat.
Subjugué d'abord par la ville ocre, il entreprend dès 1921 des expéditions dans l'Atlas. On le voit (ci-dessus), sur une photo prise à Anemiter, localité qu'on rejoint depuis Marrakech en franchissant le tizi n'Tichka. Voici le résultat : une gouache magnifique de luminosité, qui témoigne de sa maîtrise de l'espace. Majorelle peindra de multiples tableaux consacrés à la Kasbah d'Anemiter. Celui-ci date de 1941.

Le Jardin aux Etoiles se fait un honneur d'abriter un hommage à Majorelle. A l'entrée de la suite Tiznit, tout visiteur tombe bouche bée devant une immense toile (notre photo) peinte par Abdu Amenukal tout exprès pour votre riad en location. Cet artiste berbère natif de Biougra a réalisé une extraordinaire copie, sous forme d'un agrandissement considérable, d'un des chef-d'oeuvres du peintre français consacrés à la Kasbah d'Anemiter. La partie supérieure est consacré aux bâtiments de la Kasbah, la partie inférieure à la vie devant les constructions. Le peintre se serait représenté en la personne du cavalier en armes.

J'ai déniché par hasard dans une galerie un plus modeste mais tout aussi expressif clin d'oeil à Majorelle. J'en laisse la surprise à mes futurs visiteurs... Indice : cet hommage sera accroché non loin du tableau d'Omar Mourabih (notre photo) que j'ai acquis depuis la rédaction du message Coup de coeur pour l'oeuvre d'un artiste amazigh. Ces deux oeuvres accompagneront celle d'Amina, dont j'ai parlé dans mon message Essaouira, la révélation.

Les oeuvres de Majorelle empruntent des formats plutôt réduits. Le Marrakchi d'adoption déroge cependant à son habitude lorsque l'administration française lui demande de peindre deux grandes compostions symétriques à l'Hôtel de ville de Casablanca. Il recrée la magie de la fête marocaine : d'un côté "L'Aouache" (illustration ci-dessus), de l'autre "Le Moussem". Nommée également fête des tambours, l'aouache rassemble musiciens et danseurs à l'occasion d'une célébration villageoise ou familiale.
Il y a deux ans, "L'Aouache", dont le format est de 100 x 117 cm, a été acquise dans une vente aux enchères pour 650'000 euros, alors que la mise à prix avait été fixée à 200'000 euros. C'est dire que la cote du peintre français emprunte désormais des sommets ! Et ce n'est que justice. A la même date, d'inspiration également humaniste, l'huile sur panneau "Marché dans une oasis du sud" est partie pour 138'000 euros.

En effectuant quelques recherches sur le maréchal Lyautey, dont j'ai parlé dans mon message d'hier intitulé La prière selon le Coran : un rituel pratiqué cinq fois par jour, je suis tombé sur l'illustration ci-dessus intitulée "Lyautey le Marocain", parue dans "Histoire de France", Editions Gedalge, 1955. Cette oeuvre méticuleuse aux tons chauds m'a interpellé.
Son style évoque étrangement celui de Majorelle, qui débarqua à Marrakech à l'invitation de Lyautey, ami de son père. S'agirait-il d'une composition de l'artiste nancéen ? La réponse m'a été donnée ultérieurement. Cette illustration n'est pas l'oeuvre de Majorelle.











Commentaires